28 avr. 2008

A la presse et à l’opinion publique

Depuis 1993, je répète sans cesse que le problème kurde doit être résolu d’une manière pacifique et par la voie démocratique et non par la violence. Depuis lors nous avons décrété quatre trêves, à chaque fois rejetées.Après dix ans de conflit armé, nous avons été convaincus de la nécessité d’une trêve. L’utilisation des armes ne peut avoir d’autre résultat qu’une destruction totale du pays et par conséquent rendre impossible toute solution à la question kurde. De nombreuses personnes mourraient des deux côtés sans qu’il n’y ait aucun résultat.

Par ailleurs, l’opinion publique connaît pertinemment nos efforts en faveur de la cessation de la guerre. Je ne m’étendrai pas sur les détails, cependant toutes ces trêves se sont soldées par des échecs dus à l’absence de réaction de l’Etat turc. Et, parfois, à cause de notre propre politique. Dommage !Toutefois, depuis un certain temps, des groupes démocratiques en Turquie revendiquent un cessez-le-feu qui pourrai, selon eux, déboucher sur une paix durable. Sensibilisé par ces actions, je crois profondément à la nécessité d’arrêter la guerre et de redonner une chance à la paix.

Une solution à la question kurde en Turquie constituerait un bon exemple pour les pays voisins. La Turquie deviendrait ainsi un modèle de démocratie au Moyen-Orient. C’est dans l’intérêt des peuples du Moyen-Orient, dans la mesure où la région connaît des conflits importants qui mettent les peuples en péril. Seule l’instauration d’une culture démocratique peut faire sortir les peuples de cette impasse. La période de trêve peut nous conduire vers un dialogue démocratique.

Enterrons les armes.
Cessons pour toujours le recours à la violence en Turquie et au Moyen-Orient


Je prends mes responsabilités et j’appelle le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) à un cessez-le-feu. J’espère que le PKK répondra à cet appel et fera le nécessaire.
La période qui va suivre la trêve est très importante. Néanmoins, il restera beaucoup à faire après la trêve.Avant tout, il faut garder espoir. Il pourrait y avoir des provocations, je ne pense pas que ça viendra du PKK mais en tout cas il ne faut pas donner des primes aux provocations.

L’armée turque, bien sûr, va prendre ses précautions pour la sécurité en général mais j’espère qu’elle ne va pas mener de grandes opérations militaires. Par ailleurs, le PKK, lui, ne devra utiliser ses armes que s’il est attaqué à mort, car dans ce cas, je dois le dire, la légitime défense est un droit sacré.

Cette trêve n’est pas due à une faiblesse de la partie kurde mais au contraire elle découle d’un besoin urgent de paix sociale. Nous devons créer l’union démocratique des peuples turc et kurde.

Le président turc avait dit un jour : « nous allons faire de la Turquie un pays modèle pour tout le Moyen-Orient ». Je trouve ses mots importants. Notre objectif est semblable. Je fait appel à l’Etat turc et lui dis que nous pouvons faire de la Turquie, dans ses conditions très particulières, un modèle pour tout le Moyen-Orient. En effet,la paix dans la région passe par l’union démocratique des peuples turc et kurde.

Nous avons fait preuve de bonne volonté, nous attendons de l’Etat turc qu’il en fasse autant. Si le climat pacifique se stabilise, la Turquie pourra progresser dans tous les domaines. Ce pays pourra alors devenir un exemple pour le Moyen-Orient.


Les pays de l’Union Européenne et les Etats-Unis doivent jouer leur rôle dans cette phase et il ne faut pas que ces puissances empêchent les évolutions possibles. Dans ce même cadre, il faudra également rencontrer des représentants de Syrie et d’Iraq afin de les encourager dans la voie d’une solution démocratique du problème kurde.

J’espère que, cette fois, mon appel sera entendu et non pas rejeté une fois encore. Car c’est peut être notre dernière chance. Si non nous risquons d’arriver à un point de non-retour. Ce sera donc mon dernier appel. Car en cas d’échec, le PKK risque de ne pas m’écouter une fois de plus. Et je n’aurai moi non plus la force nécessaire.

Cette trêve est par conséquent très importante. Pour l’instauration d’une culture démocratique, pour l’alliance des turcs et kurdes, pour une paix honorable, pour une vie libre, pour mettre fin à la souffrance de nos peuples, pour regagner tout ce que nous avons
perdu j’appelle tout le monde à faire le nécessaire. Je pense que cette opportunité est très importante, et j’espère que cette trêve marquera le début d’un nouveau commencement.


Mes salutations distinguées
27/09/2006
Imralı - Abdullah ÖCALAN

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