28 avr. 2008

La question kurde reste toujours à solutionner


Depuis le 7 janvier ( 2008), des manifestants kurdes se relaient journellement devant le Conseil de l’Europe en soutien à leur leader Abdullah Oçalan. Le but de leur action de protestation intitulé « Enough is enough ( Assez, ça suffit ) » est d’obtenir du comité de prévention de la torture ( CRT ) du Conseil de l’Europe la communication du bilan de santé d’ Oçalan, suite à la visite que ce même CRT à rendue à Oçalan les 20 et 21 mai 1997, sur l’ile d’Imrali , où M. Oçalan est emprisonné dans l’isolement le plus complet. Par ailleurs le 16 février 2008, s’est déroulé une immense manifestation européenne des Kurdes à Strasbourg (manifestation, non pèlerinage), la 9ème depuis la mi-février 2000, pour exiger indissociablement la libération d’Abdullah Oçalan et surtout la reconnaissance véritable (et non pas fictive ) de l’identité culturelle kurde par l’état turc, et aussi par les états iraniens et syriens.
Le Kurdistan, qui recouvre la Haute Mésopotamie ( un des berceaux culturels de l’humanité ) a été coupé en 4 par décision du traité de Lausanne en 1923, de par la volonté des puissances occidentales alliées ( France et Grande Bretagne notamment ), qui auraient vaincue l’Allemagne et ses alliés ( dont l’Empire Ottoman). On avait promis aux Kurdes l’autonomie lors du traité de Sèvres au 1920. On la leur retirera en 1923, en accord avec le nouveau gouvernement de Turquie, dont Mustafa Kemal (prénommé ultérieurement Kemal Atatürk) était le nouvel homme fort. L’Empire Ottoman fut démembré et le Kurdistan fut divisé entre 4 états : la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie, aucun de ces états ne veulent accorder aux Kurdes un peu d’autonomie, ni, surtout la reconnaissance de leur identité culturelle. Des révoltes kurdes eurent lieu, mais toutes furent réprimées dans le sang. C’est en Turquie que vivent la majeure partie des Kurdes (25 sur 40 millions au total).
La résolution de la question kurde serait d’accorder aux Kurdes de Turquie une certaine autonomie au sein d’un état fédéral démocratique et la reconnaissance de leur identité culturelle avec, notamment, la possibilité de parler leur langue sans répression coercitive. Cela devrait passer aussi par des mesures d’aide économique pour un développement durable favorable à la population.
Mais, depuis un an, l’armée turque, qui a toujours d’énormes pouvoirs, ne cesse d’attaquer les base de la guérilla kurde dans les montagnes et a également procédé à des bombardements en Irak, causant la mort d’innocentes victimes civiles. Il est regrettable que l’actuel gouvernement turc de Recep Tayip Erdogan, plus préoccupé de réintroduire le port du voile dans les universités turques, lui emboîte le pas et que, par ailleurs, des députés du DTP pro-kurde régulièrement élus, soient arrêtés. Face à de tels agissements l’Europe se tait. Il est vrai que la France et l’Allemagne vendent fort cher des armes lourdes ( tanks et hélicoptères ) à la Turquie et que ces armes lourdes sont utilisées prioritairement au Kurdistan dans des action armées contre la guérilla, actions armées qui ont généré la destruction de 3000 villages et l’exode de 3 millions de Kurdes au fil des années de guerre. Comme le disait déjà l’Empereur romain Vespasien « l’argent n’a pas d’odeur ».
Par ailleurs, la Turquie est membre de l’OTAN et est, à ce titre, protégée des Etats-Unis, qui y ont implanté une énorme base militaire à Incirlik, dans l’est du pays. Les Américains ont communiqué des observations satellites à l’armée turque pour lui permettre de mieux cibler ses bombardements.
Face à tous ces agissements contraires à l’intérêt des peuples et contraires à la démocratie et au respect des droits de l’homme, il serait enfin temps que les démocrates et les progressistes européens se réveillent et exigent de leurs états nationaux et de l’Union Européenne qu’ils fassent pression sur le gouvernement turc pour une solution démocratique et pacifique.
Dans ce cadre, il est nécessaire que le leader incontesté des Kurdes de Turquie : Abdullah Oçalan soit libéré et, dans un premier temps, rapatrié et jugé en Europe.
Dernière remarque : on voit écrit, à droite ou à gauche, que le PKK est terroriste. Ce parti ne fait en réalité que résister à un terrorisme d’état qui, depuis 1923, n’a cessé de massacrer impunément des dizaines de milliers de Kurdes. N’oublions pas qu’en France s’est levée en 1940 une résistance contre l’occupant nazi, résistance qui était également traitée de terroriste par les nazis mais aussi, hélas, par le gouvernement de collaboration du Maréchal Pétain. 
L’histoire a prouvé qui avait raison.

Bernard Revollon, Président des Amis du peuple kurde

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